Une catastrophe du nom de Mugler.

Lorsqu’il y a quelques mois, Joël Palix, PDG de Thierry Mugler annonçait l’arrêt de sa collaboration avec Rosemary Rodriguez qui avait alors repris les rennes de la direction artistique en 2008, je n'avais pas caché ma surprise mais également ma déception. En effet, la créatrice franco-espagnole avait alors exécuté, avec beaucoup de subtilité, un parfait retour aux valeurs phares de la maison, signant pour l’automne/hiver 2010-2011 une remarquable collection. Toutefois, il semble que cela n’ait pas été suffisant pour les dirigeants de la marque qui ont porté leur choix sur Nicola Formichetti afin de succéder à Rodriguez. Ce dernier, connu pour ses réalisations en tant que styliste pour le Vogue Homme Japon mais surtout pour l’icône pop Lady Gaga apparaisait donc comme, selon les termes de Palix, celui qui allait ressusciter l’image Mugler. Très dubitatif face à cela, j'avais néanmoins préféré attendre le résultat final avant d’émettre des jugements hâtifs…Ce fut chose faite lors de la récente présentation de la maison durant la Fashion Week Parisienne.

Avec sa première collection au département femme de Thierry Mugler, l’italo-japonais, assisté de Sébastien Peigné, ancien du studio Balenciaga, sème le doute dans les esprits. On finit effectivement par se demander s’il est vraiment la personne la plus adéquate pour perpétuer l’emblématique signature du créateur français. Et ce, peu importe la présence sur le podium de la super médiatique Lady Gaga. Car oui, elle est bien là et défile même… Dès les premières silhouettes, l’incohérence de l’opus est flagrante ainsi que la totale rupture avec l’esthétique et l’ADN maison. Thierry Mugler avait acquis sa glorieuse réputation dans le tout-Paris grâce à ses tenues réalisées avec une imparable justesse, exacerbant l’élégance féminine à coups de volumes amplifiés, de coupes graphiques et d’utilisations inédites des matières. Ici, nous sommes loin de tout cela, ou sinon dans une ridicule caricature. Du début à la fin, la collection est une espèce d’ode au style Gaga, reprenant maladroitement les codes Mugler. Les pièces se veulent vulgairement excentriques jouant sur des effets de transparences et des exagérations mal venus. Les longs manteaux en vinyle, matière pourtant chère au créateur de la griffe, affligent la rétine. Ils cadrent davantage avec l’allure d’une drag-queen plutôt qu’avec des silhouettes que l’on aurait imaginées sur un podium Mugler, pareil pour les chaussures aux talons extrêmement vertigineux . Même la mise en scène laisse perplexe. On a l’impression d’assister à une prestation de Lady Gaga plutôt qu’à un défilé de mode. Celle-ci n’hésitant pas d’ailleurs à déambuler lascivement, avec toute la provocation qu’on lui connait, une cigarette à la main. De plus, on ne peut pas s’empêcher de déplorer le cruel manque d’originalité de cet opus qui rappelle étrangement la collection Printemps/Eté 2001 de Gucci par Tom Ford…

Au lieu d’insuffler une nouvelle énergie à la marque, ce pourquoi il a été engagé, Formichetti s’est contenté de livrer un vestiaire excessivement sensuel, quitte à basculer dans le mauvais goût et importable si ce n’est pour sa muse de toujours Lady Gaga. D’ailleurs, elle n’a pas tardé à se procurer toutes les pièces dans plusieurs couleurs…Prévisible, vous dites ? Quoiqu’il en soit, il prouve bien qu’affubler une chanteuse de quelques morceaux de viande ou encore créer le buzz à l’aide de tenues extravagantes ne transforme aucunement en créateur d’une mode digne de ce nom, racée, inventive et surtout, un minimum classe.



6 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonsoir Mister Paks,

Cette collection est absolument affreuse, pire que je n'imaginais.
Un cirque vulgaire, loin de l'adn de Thierry Mugler.Il y avait de la couture chez Mugler, du tailleur, de la coupe, de la féminité..cela ressemble à un défilé de fin d'année scolaire d'un étudiant de mode...catastrophe.
Votre analyse est très juste
Une lectrice assidue de votre blog

Mister.Paks a dit…

Je ne peux qu'approuver. Merci beaucoup ;) !

Unknown a dit…

Ce n'est pas du tout a la hauteur effectivement !

www.observatoiredetendances.com

Ethno-Cosmos a dit…

Je pense qu'une marque qui se veut prestigieuse, doit exprimer un je-ne-sais-quoi qui lui est propre. Mais là rien ! C'est juste affreux.

Anonyme a dit…

i'existe plus...
Merci etBjr!!!
J'adorrrrrrrrrreee!!!!!
Vous avez la plume joliement acérée!!! pas de cadeau a qui ne le merite pas! Vous avez vu tout juste!!!
Please j'ai besoin de l'article sur Arise Fashion Show!!!
Je tiens à faire lire cet article de vous à mes partenaires Italiens!!! or qd je clique dessus lm'est repondu quel'article n bonne continuation!!!

Mister.Paks a dit…

Bonjour,
Merci beaucoup pour l'intérêt porté en mon blog.

En fait l'article sur l'Arise Fashion Week est publié dans le numéro mai-juin de Fashizblacl Magazine ici : http://fashizblack.com

Merci :)